La Durance, de part ses fortes variabilités saisonnières, ses débits et l'intensité de ses débordements, fût jusque dans les années 1960 et la construction du barrage de Serre-Ponçon, une rivière périlleuse tant pour sa navigation que pour sa traversée. Il fallait ainsi faire avec des débits pouvant atteindre 6.000 m3/seconde en période de crue et à l'opposé, de 50 m3/seconde lors de son étiage. Pourtant, malgré le danger, on trouve les premières traces de navigation dès l'Antiquité !
Fragment d'un monument funéraire avec scène de halage sur la Durance (gallo-romain)
Les "haleurs", qu'ils soient hommes ou bêtes, servaient de force motrice lors de la remontée du courant et guidaient la descente, mais au printemps et en été on utilisait comme appoint la voile, grâce à la brise du Sud, bien connue dans la vallée de la Durance.
Les "utriculaires" naviguaient sur des cours d'eau qui pouvaient être de faible profondeur, en utilisant des radeaux soutenus par des outres gonflées qui, ainsi, pouvaient transporter de plus lourdes charges. Ces outres étaient faites avec des peaux de chèvres et étaient déjà utilisées par les indigènes celto-ligures. (J.Ganne)
Parmi les modes de navigation utilisés sur la Durance, le plus usité aura été "le flottage avec les radeliers". Ces radeaux étaient constitués de troncs de sapins, de noisetiers ou de mélèzes et faisaient 12 à 18 mètres de long. Les pièces de bois étaient assemblées par des liens végétaux. On liait parfois les radeaux entre-eux, donnant alors des "trains" de radeaux. Ces embarcations servaient surtout à acheminer bois et poutres utilisés pour la construction des bateaux, des ponts ou des charpentes. Les premières traces écrites attestent la pratique dès le XIIe siècle et elle se termine peu avant la guerre de 1914.
Guy Barruol"La révolution du machinisme marquait la fin d'un mode de vie et d'usages qui n'avaient pas changé et pour ainsi dire pas évolué depuis l'époque romane"
De nos jours, l'Association des Radeliers de la Durance fait revivre cette pratique en organisant des reconstitutions historiques. Chaque année, des milliers de spectateurs se déplacent pour assister à la descente des radeaux.
Jean Giono, Le chant du Monde, 1976"Le radeau était épais mais il restait maniable sur les hautes-eaux. Il avait un grossier gouvernail de frêne à l'arrière et Antonio avait besoin de toute sa force pour le bouger et il faillit garder la position un bon moment car la masse des cinquante troncs de sapins obéissait un peu en retard. A l'avant le besson tenait la perche et frappait toutes les épaves. Ils naviguaient sur le bord du fleuve, assez près du grand courant pour être entraînés mais dégagés des vagues et des remous, ils contournaient des îlots d'arbres, des collines et des champs d'eau mince ridés de vent…"
Pendant des siècles, les ponts qui furent construits sur la Durance n'eurent qu'une existence éphémère, ne résistant que temporairement aux assauts répétés de la rivière. Impossible de construire des passages à gué : le lit, constitué de galets, était mouvant et traître. Les choses vont d'autant se complexifier au XIVe siècle lorsque le "petit âge glaciaire" amène pluies et chutes de neige fréquentes, intensifiant ainsi le débit et la largeur du cours d'eau. Les bacs vont ainsi être essentiels à la traversée de la Durance et ce jusqu'en 1835, date à laquelle Mr Jules Seguin bâtisse le premier pont suspendu de la Durance.
Un bac à traille est une embarcation utilisée pour traverser un cours d'eau, qui se déplace le long d'un câble (la traille) tendu entre deux mâts ou deux tours situés sur chaque rive. Contrairement aux bacs à câbles, la corde ne sert pas à mouvoir le bac, et n'est pas non plus détendue : elle est au contraire tendue entre les deux rives, et le mât du bac s'appuie dessus. La progression du bac ne se fait pas par traction sur le câble, mais par rames.
Copyright ©2016 Le Pertuisien.fr - Eric Vermeesch"Les bacs relativement nombreux, étaient généralement concédés à des abbayes dont l'exploitation était assurée par des "fermiers" arrentés spécialement pour cet emploi par le seigneur ou les communautés. La plupart des "passeurs" étaient des bateliers professionnels, de longue expérience, et souvent le métier se transmettait de père en fils. Le péage du bac correspondait donc à la rémunération d'un service réel et non simplement à une taxe sur la circulation des marchandises."
Si James Finley est considéré comme le premier concepteur des ponts suspendus modernes en 1808, ce sont les frères Seguin qui mettront au point le principe du "câble" qui sera généralisé par la suite. Ces constructions, malgré leur apparente fragilité, révèlèrent une très bonne résistance aux crues, fléau des ponts en construction maçonnée. En effet, les arches de ces derniers étaient de portée trop courte et constituaient une trop forte résistance au passage des eaux en furie. Le succès des ponts suspendus est immédiat : 400 ponts furent construits sur ce modèle, désenclavant nombre de villages.
D'une longueur de 80 kilomètres pour sa partie principale (160 kilomètres avec les dérivations dans la ville), le canal dessert l'intégralité des quartiers marseillais. Il a été construit en une quinzaine d'années sous la direction de l'ingénieur Franz Mayor de Montricher amenant les eaux de la Durance dans la ville depuis le 8 juillet 1849. Il représente une réalisation marquante de l'ingénierie du XIXe siècle en cumulant de très nombreuses infrastructures, ponts, tunnels, réservoirs, etc.
Pour en savoir plus, et en images s'il-vous-plait, "La mémoire du Canal de Marseille" réalisé par Bernard Billois et le studio K - commandé par le Musée d'Histoire de Marseille.
Depuis 1854, la Durance alimente le canal de Marseille qui fournit les deux-tiers des besoins en eau de la ville, et dès 1868, le Verdon est utilisé pour approvisionner la plaine d'Aix. Si grâce à ces canaux, Marseille et sa région ne connurent plus de pénurie d'eau potable, la Provence continuait de souffrir particulièrement dans les zones rurales de manque d'eau de façon chronique. En 1957, la Société du Canal de Provence (SCP) est créée avec la mission de transférer les eaux du Verdon à travers le relief difficile de la région en construisant le canal de Provence.
Il s'agit certainement du plus ancien canal de Provence, remanié plusieurs fois depuis sa création au XIIe siècle. Établi à l'initiative des moines bénédictins pour irriguer les terres de Cavaillon, Raymond V, duc de Narbonne, comte de Toulouse et marquis de Provence, accorde en 1171 le droit d'établir une prise d'eau et d'utiliser les eaux du canal pour faire fonctionner les moulins. Au XVIIIe siècle, le canal Saint-Julien est prolongé jusqu'à Avignon. Le développement de ce canal à contribué à l'amélioration de la culture des fruits et légumes dans la région, notamment du melon à Cavaillon.
Adam de Craponne, célèbre ingénieur de la Renaissance, commence les travaux du canal qui portera son nom en 1554. L'eau du canal alimente les fontaines de Salon-de-Provence et fournit l'eau nécessaire à l'irrigation des sols arides de la Crau avant d'atteindre l'étang de Berre dans un parcours très sinueux. Le canal connaît un tel succès qu'il devient rapidement essentiel à l'économie locale, ce qui oblige Craponne à l'agrandir à plusieurs reprises.